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Enregistrant déjà quelques belles réussites entrepreneuriales, le continent africain change d’envergure et voit émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs de l’innovation. L’Afrique digitale se concentre encore toutefois sur quelques épicentres, lesquels accueillent l’essentiel des financements en capital risque, et l’enjeu sera de répliquer les succès nigérians, kenyans et sud-africains dans d’autres régions du continent.

"Africa is on the move", lançait Barack Obama à l’occasion de son déplacement au Kenya en 2015, en évoquant la révolution digitale spectaculaire du pays de ses ancêtres. Cette révolution en Afrique est essentiellement mobile. C’est à travers le mobile et ses technologies les plus simples (SMS, USSD, etc.) que ces transformations majeures s’articulent. C’est un lieu commun que d’évoquer ce « leapfrog » qui permet de dépasser des défauts d’infrastructures par des services mobiles, que ce soit en matière d’inclusion financière, de fourniture d’énergie, d’éducation, de santé, etc. Et à la clé, déjà de beaux succès tels que Jumia, Interswitch, M-Kopa Solar, Andela, etc. C’est précisément ce pari qu’avait fait Orange en faisant de l’Afrique un véritable relais de croissance. Aujourd’hui le groupe est présent dans 21 pays, compte plus de 121 millions de clients pour un chiffre d’affaires de 5,2 milliards  d’euros tout en s’appuyant sur 20 000 collaborateurs. Plus d’un Africain sur dix bénéficie des services d’Orange.

Si cette révolution s’appuie sur les investissements des opérateurs, c’est surtout la nouvelle génération d’entrepreneurs qui donne au continent toute l’envergure qu’il est en train de prendre. Un opérateur est dans cet écosystème un acteur singulier. Il est au coeur du processus. Au-delà de son réseau, c’est la porte d’accès au marché, que ce soit à travers ses interfaces de communication et de facturation (ses API ou « application programming interface ») ou plus simplement son réseau de points de vente. Peu d’acteurs en Afrique disposent d’un réseau de distribution aussi profond qu’un opérateur comme  orange. Nous disposons en effet de plus de 700 000 points de vente sur le continent.  

 

RAPPROCHER L’OPÉRATEUR TÉLÉCOM DU « START-UPER », UN DÉFI STRUCTURANT

Pour conforter sa position de leader africain de la transformation digitale, il était essentiel pour Orange d’inclure dans son ADN la collaboration avec des start-up innovantes. Le rythme des innovations s’est tellement accéléré que le mythe de la toute-puissance des grands groupes s’est largement consumé, y compris sur le continent.

Mais être un partenaire naturel des entrepreneurs ne se décrète pas et implique deux basculements majeurs que le groupe a initiés. En premier lieu, renverser une certaine défiance de la part des entrepreneurs pour lesquels l’opérateur semble être un interlocuteur inaccessible et pourtant parfois clé pour leur passage à l’échelle. Et le corolaire, c’est renverser en interne la culture de la collaboration avec les start-up, à travers des initiatives qui fluidifient les mises en relation et les prises de décisions. Plus généralement, l’enjeu est d’entrer dans une dynamique moins défensive, mais plus ouverte à la co-création. C’est tout ce qui a été entrepris dans le cadre des différents programmes « d’Open Innovation » du groupe. C’est un défi qui se pose à toutes les grandes entreprises, et tout particulièrement en Afrique francophone où domine encore beaucoup le sentiment selon lequel la solidité se mesure à la rigueur des procédures. Ainsi pour répondre à ces enjeux, Orange a pu bâtir au fil des années un ensemble d’initiatives « d’Open Innovation ». Pour n’en citer que quelques-unes emblématiques : la formation (Sonatel Academy avec Simplon à Dakar, un master pour former des data scientists à Abidjan en partenariat avec l’école polytechnique et l’INP-HB), l’accélération avec les quatre Orange Fab de la zone MEA, le prix de l’entrepreneur social, les incubateurs partenaires (CTIC, CIPMEN, etc.), les programmes Orange Partner et Bizao pour ouvrir l’accès des APIs du groupe et depuis peu l’investissement dans des start-up. En effet l’investissement est un outil particulièrement efficace pour améliorer la capacité du groupe à se « connecter » avec des acteurs innovants. À la fois parce que cela répond à un besoin simple et concret des entreprises, et que ce sont des décisions qui peuvent se prendre rapidement pourvu que la gouvernance soit adaptée. Enfin, c’est souvent une base solide pour élaborer par la suite des collaborations durables.

 

CRÉER UN FONDS DÉDIÉ AUX START-UP AFRICAINES INNOVANTES

C’est tout le sens de l’initiative d’Orange Digital Investment (ODI), le bras armé du groupe dans l’investissement digital. Orange Digital Investment regroupe en effet trois types d’activités :  Orange Digital Ventures (ODV) qui investit directement à l’instar d’un fonds de capital-risque des tickets minoritaires dans des start-up early stage dans le cadre d’une gouvernance adaptée, avec une présence à Paris, Londres et depuis peu à Dakar ; les investissements en fonds de fonds : Iris Capital, Partech Africa, Paris Saclay Seed Fund, etc. ; et des investissements de corporate  venture plus late stage (suivi et prise de participations stratégiques digitales telles que  Jumia, Deezer et Dailymotion).

En juin 2017, à l’occasion de la conférence Afrobytes, Pierre Louette, directeur général délégué du groupe et président d’Orange Digital Investment, annonçait le lancement d’Orange Digital Ventures Africa (ODVA), un fonds de 50 millions d’euros basé à Dakar dédié aux start-up africaines. Par cette nouvelle initiative, Orange complétait ainsi son dispositif par un programme spécifiquement africain. Des investissements dans des start-up ayant des cas d’usages en lien avec le continent (ou adaptés à ce marché) avait déjà été réalisés par ODV tels que Afrimarket, Afrostream ou encore PayJoy. Pour autant, au vu de l’opportunité que représentent le continent africain et notre volonté toujours plus forte d’accompagner son éclosion digitale, un changement d’échelle était nécessaire pour saisir pleinement l’opportunité liée à cette révolution digitale africaine. ODVA investit donc jusqu’à 3 millions d’euros pour une première levée, après la phase d’amorçage, avec la capacité de suivre sur les levées suivantes. Les thématiques d’investissement sont en ligne sur les priorités stratégiques du groupe sur la zone : fintech, eSanté, énergie, agritech, govtech, edutech, etc. Notre thèse d’investissement est de faire levier sur nos actifs en Afrique (base client, réseau de distribution, API, Orange Money…) afin d’accompagner des start-up ayant déjà connu de fortes croissances sur leur marché national et qui ambitionnent de s’internationaliser rapidement. Tout l’enjeu est de devenir, à travers l’investissement, un véritable acteur de la révolution digitale en étant partenaire des futurs champions panafricains de demain, qu’ils soient basés en Afrique ou ailleurs. La présence du fonds dans un pays francophone permet d’atteindre des territoires riches d’opportunités et souvent négligés par les investisseurs internationaux. Orange Digital Ventures ambitionne d’associer le meilleur du capital-risque au meilleur des atouts d’un grand groupe comme Orange. Ainsi, comme investisseur, ODV a un objectif de maximisation du retour financier mais vise également à créer de la valeur stratégique pour le groupe, à la fois pour accélérer les partenariats durables avec des acteurs innovants, ou plus simplement l’apprentissage de nouveaux modèles économiques, de nouveaux produits ou technologies. C’est pour ODV un moyen d’apporter une valeur stratégique aux entrepreneurs qu’il accompagne. ODV veille également à préserver une barrière entre l’équipe d’investissement et le reste du groupe pour éviter les conflits d’intérêts, la circulation d’informations sensibles, etc. Enfin, ODV est un fonds evergreen qui se projette comme un partenaire financier dans la durée contrairement à d’autres investisseurs plus traditionnels.  

 

LE CONTINENT AFRICAIN COMME NOUVEAU TERRAIN D’INVESTISSEMENT DANS L’INNOVATION

La dynamique positive pour les investisseurs sur le continent se confirme, notamment avec l’annonce de la création de nouveaux fonds, à l’instar de Partech Africa (dont Orange est un des partenaires) ou TLcom Africa Fund (TIDE). Une comparaison éclairante avec l’Inde illustre bien le potentiel de l’Afrique : une population sensiblement similaire (respectivement pour l’Afrique et l’Inde de 1,2 et 1,3 milliard d’habitants) et un PIB équivalent de 2 300 milliards de dollars. Pour autant, l’Afrique a un taux de pénétration du mobile deux fois plus important qu’en Inde (de 46 % contre 22 %), mais en comparaison les start-up africaines n’ont levé que 560 millions d’euros en 2017, selon Partech, contre 7,4 milliards d’euros pour les start-up indiennes sur la même période. Cela illustre bien les perspectives de croissance que l’on pourrait espérer pour l’écosystème digital du continent. En attendant que cette dynamique soit confirmée par des « exits » emblématiques, c’est aujourd’hui qu’il faut soutenir les « gazelles » de demain. Pour autant, cette description optimiste ne doit pas occulter que l’Afrique digitale reste très éclatée entre quelques rares hubs basés essentiellement en Afrique anglophone. Une des grandes questions reste de savoir comment répliquer la dynamique digitale kenyane, nigériane et sud-africaine dans d’autres régions, notamment en Afrique francophone qui accuse un retard important. L’exemple du modèle kenyan confirme le rôle que l’opérateur historique a eu dans l’émergence de son écosystème numérique. En effet, le lancement réussi d’une offre de mobile money et l’ouverture de ses APIs ont joué un rôle clé en donnant les moyens aux entrepreneurs d’inventer de nouveaux services. Orange s’est engagé dans cette voie avec optimisme. Il ne manque encore que quelques ingrédients pour que l’Afrique francophone du numérique émerge réellement (fonds d’amorçage et business angels, accélérateurs, maîtrise des langues, etc.) mais des bases solides existent : un immense marché de 120 millions de personnes sur 24 pays, une jeunesse connectée et bien formée qui aspire de plus en plus à entreprendre dans l’innovation, une stabilité monétaire, déjà de belles  réussites entrepreneuriales (Intouch, Wari, Afrimarket, etc.), et une génération de « repats » (population issue de la diaspora, formée en Europe ou aux États-Unis et qui s’installe sur le continent) riche d’expertises, de réseaux internationaux et d’enthousiasme à réaliser son « African Dream ».

Grégoire de Padirac

chargé d’affaires
ORANGE DIGITAL VENTURES AFRICA

Parcours

Grégoire de Padirac est chargé d’affaires chez Orange Digital Ventures (ODV), responsable des investissements pour la zone MEA. Grégoire avait rejoint l’équipe ODV à Paris en 2015 et couvrait les thématiques Internet des objets (IoT), cybersécurité, eSanté, « entertainment ». Il était précédemment en charge du partenariat de distribution avec Deezer. Grégoire a débuté sa carrière comme consultant en stratégie chez WMI Consulting. Grégoire de Padirac est diplômé de ESCP Europe (Paris) et de la City University (Londres).

ORANGE DIGITAL VENTURES AFRICA

Orange Digital Ventures Africa (ODVA) est un fonds d’investissement doté de 50 millions d’euros pour financer les start-up innovantes du continent africain. Lancé en 2017, le fonds cible des secteurs stratégiques pour Orange sur la zone en faisant levier sur la base clients et le réseau de distribution africains du Groupe : fintech, eSanté, énergie, agritech, govtech, edutech.