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Depuis deux ans, Proparco et ses homologues européennes sont en première ligne face à la crise économique consécutive à la pandémie de Covid-19. Grâce à des engagements financiers record et à une large gamme d'outils, les institutions de financement du développement (IFD) ont déployé en Afrique un vaste plan de riposte pour soutenir le secteur financier et les TPE/PME. Dans ce contexte économique tendu, elles jouent ainsi pleinement leur rôle contracyclique.

La pandémie a provoqué une baisse de l'activité économique dans la plupart des pays africains, même si celle-ci s’est finalement révélée moindre que redouté initiale-ment. Le continent a affiché en 2020 un recul de 1,9 %, contre 3 % estimés début 2021. Pour autant, la plupart des économies africaines – 40 des 54 pays du continent – ont bien accusé l’an dernier leur pire récession jamais enregistrée. En raison de l’ampleur du choc économique provoqué par l’épidémie de Covid-19, ses conséquences mettront du temps à se dissiper. Les pertes de production cumulées imputables à la pandémie pourraient atteindre près de 12 points du PIB africain en 2021, avec des répercussions non négligeables sur l’emploi, lequel enregistrait déjà une baisse de 8,5 % en 2020. Dans ce contexte, le revenu par habitant ne devrait retrouver ses niveaux d’avant-crise qu’entre 2022 et 2025 selon les pays, avec comme conséquence une hausse de la pauvreté pour 32 millions de personnes dans les seuls pays d’Afrique subsaharienne. Les TPE/PME du continent, qui concentrent jusqu’à 80 % des emplois du secteur formel, ont été les plus durement touchées. Elles sont nombreuses à avoir rencontré des difficultés de trésorerie, particulièrement dans des secteurs comme la restauration, le tourisme et les transports. De même, les travailleurs du secteur informel et les populations les plus vulnérables ont été affectés de plein fouet. Ce contexte économique tendu a par ailleurs rendu encore plus difficile l'accès au financement des TPE/PME africaines. Malgré les progrès déjà accomplis, les petites entreprises et les micro-entrepreneurs restent mal desservis et risquent de ne plus avoir accès aux financements si l’activité de prêts tarde à se rétablir. Face à une crise inédite de par son ampleur, sa durée et ses conséquences, les banques ont souvent adopté une attitude prudente afin de maîtriser au mieux la dégradation de leur portefeuille de crédit. Elles ont ainsi limité les prêts aux TPE/PME et reporté leur activité sur les actifs les moins risqués, comme les bons du Trésor. Alors qu'avant la crise seules 20 % des TPE/PME bénéficiaient d'un financement bancaire, cette part s'est depuis fortement réduite.

 

DES ENGAGEMENTS RECORD POUR SOUTENIR LE SECTEUR FINANCIER

Dès le début de la crise sanitaire, les régulateurs ont pris des mesures fortes pour assurer la stabilité financière, ce qui a permis de réduire les risques de défaillance systémique du secteur bancaire. Au nombre des mesures stratégiques adoptées figurent la baisse du taux de base – qui influe positivement sur la demande globale et la capacité des ménages à assurer le remboursement de leurs dettes –, la réduction des ratios de réserves de liquidités des banques, la mise en place de programmes d’achat d’obligations d’État ou encore l’instauration d’un moratoire sur les crédits accordés par les banques. En complément, Proparco, à l’image de ses homologues européennes, a très vite cherché à répondre aux demandes d’institutions financières confrontées à des tensions de trésorerie du fait des difficultés rencontrées par leurs clients, en particulier les institutions financières non bancaires. Ces dernières, à l’instar de certaines institutions de microfinance, ne collectent pas de dépôts auprès de leur clientèle et dépendent donc fortement des financements bancaires. C’est pourquoi Proparco a accepté au cas par cas de repousser des échéances pour leur permettre de surmonter des difficultés temporaires. Elle a également joué un rôle contracyclique en maintenant ses engagements en faveur des acteurs financiers positionnés sur les TPE/PME, qu'il s'agisse d'institutions de microfinance, de sociétés de leasing ou encore de banques.

Proparco a vu ses interventions en faveur du secteur financier augmenter en 2020 et plus encore en 2021, avec un niveau record aussi bien pour les lignes de crédit que pour les facilités de partage de risque. Le continent africain a ainsi bénéficié l’année dernière de près d’un milliard d’euros de lignes de crédit et de partage de risque, principalement dans le cadre de l'initiative Choose Africa et de son volet Resilience, lequel est doté d'une enveloppe supplémentaire d’un milliard d’euros pour accompagner la relance en Afrique. Dans ce contexte incertain, Proparco a par ailleurs pu mobiliser différents outils de partage de risque auprès de la France et de l'Union européenne (UE) afin de pouvoir soutenir plus fortement ses clients. Elle a également pu s’appuyer sur sa large gamme d'outils en faveur des institutions financières, en particulier des lignes de crédit court terme, des capacités de renforcement des fonds propres de ses clients et surtout des facilités de partage de risque qui ont été fortement demandées en 2021, aussi bien pour couvrir des crédits à moyen et long termes aux PME que pour faciliter le maintien de lignes de trade finance en faveur des banques africaines. Enfin, elle a accompagné, avec Digital Africa, les jeunes pousses africaines qui ont rencontré des difficultés à lever des fonds du fait de la crise. Quatre millions d’euros de prêts relais ont ainsi été déployés auprès de dix start-up par l’intermédiaire du Bridge Fund by Digital Africa, ce qui a permis à ces entreprises d’affronter plus sereinement la crise.

 

LES PRINCIPALES LEÇONS D’UNE GESTION DE CRISE INÉDITE

En restant humble et prudent en raison du contexte sanitaire toujours incertain, il est néanmoins possible de relever que cette crise a montré la capacité de réaction des États pour soutenir leur secteur financier, lequel occupe une place centrale dans le développement de l’économie. Les banques, les sociétés de leasing et les autres institutions financières jouent un rôle clé dans le financement des TPE/PME, qui est particulièrement nécessaire en période de crise. La qualité des portefeuilles des banques demeure toutefois sous pression et, du fait des provisions nécessaires, celles-ci pourraient avoir besoin de restaurer leur solvabilité dans une seconde phase. Parmi les autres enseignements que l’on peut d’ores et déjà tirer de la crise, il apparaît que disposer d’un réseau proche des clients constitue un réel atout pour réagir rapidement. Grâce à sa dizaine de bureaux qui maillent tout le continent africain, Proparco a été en mesure de suivre les évolutions macro-économiques et d’identifier rapidement les besoins de ses clients. De même, il semble essentiel de pouvoir s’appuyer sur une large gamme d’outils avec des profils de risque variés, ce qui permet de répondre aux multiples besoins : ligne senior pour soutenir l’octroi de nouveaux crédits, renforcement des fonds propres et quasi fonds propres des intermédiaires financiers dont les clients sont touchés, partage de risque avec une banque en faveur de ses segments de clientèles les plus impactés, garantie de trade finance quand les banques internationales hésitent à s’engager en Afrique et dons pour financer de l’expertise en faveur de clients bancaires désireux de progresser sur certaines thématiques (climat, inclusion financière…) ou des mesures d’urgence. Enfin, le rôle important joué par la France et l'UE, qui ont accordé des facilités de partage de risque à Proparco, a permis de démultiplier la capacité de Proparco à agir dans des contextes dégradés. Disposer de ce type d’outils, avec la plus grande flexibilité possible pour pouvoir s’adapter aux multiples situations rencontrées, semble incontournable pour jouer le rôle contracyclique attendu des institutions de financement du développement.

Guillaume Barberousse

Head of the Banking and Financial Markets Division
Proparco

Parcours

Guillaume Barberousse is head of the Banking and Financial Markets Division at Proparco. After beginning his career at BNP Paribas, he joined Proparco’s Risk and Portfolio Division in 2007, prior to being appointed Deputy director of the Corporate Division, where he was responsible for agribusiness. He managed the Istanbul office from 2013 to June 2016. Guillaume Barberousse is an agronomist and holds a Masters in Finance from the ESCP Business School.
Haye Emmanuel

Emmanuel Haye

Responsable du département Institutions financières - Zone Afrique Moyen-Orient
Proparco

Parcours

Après 15 années d’expérience dans le secteur financier en Afrique au sein du groupe AFD, Emmanuel Haye est aujourd’hui responsable du département Institutions financières pour la zone Afrique Moyen-Orient de Proparco à Paris. Diplômé de l’EDHEC, il a commencé sa carrière chez Deloitte.

Proparco

Filiale du groupe AFD dédiée au secteur privé, Proparco intervient depuis 45 ans pour promouvoir un développement durable en matière économique, sociale et environnementale.

Proparco participe au financement et à l’accompagnement d’entreprises et d’établissements financiers en Afrique, en Asie, en Amérique latine ou encore au Moyen-Orient. Son action se concentre sur les secteurs clés du développement : les infrastructures avec un focus sur les énergies renouvelables, l’agro-industrie, les institutions financières, la santé, l’éducation... Ses interventions visent à renforcer la contribution des acteurs privés à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), adoptés par la communauté internationale en 2015.

Dans ce but, Proparco finance des sociétés dont l’activité participe à la création d’emplois et de revenus décents, à la fourniture de biens et de services essentiels, ainsi qu’à la lutte contre le changement climatique.

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