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Comment l’agriculture peut-elle produire de quoi nourrir 10 milliards de personnes tout en préservant la biodiversité, sur laquelle reposent l’ensemble des systèmes alimentaires? C’est une question-clé, au cœur de la démarche de Rabobank, l’une des plus grandes banques axées sur l’agriculture et l’alimentation dans le monde. Rabobank tente d’y répondre en déployant une politique axée sur le développement durable, en s’engageant auprès des agriculteurs et à travers son partenariat pour la protection de la nature avec le WWF et des programmes innovants.

La biodiversité, c’est la diversité de la vie sur Terre – où tout commence dans le sol. Tout agriculteur sait qu’un sol est vivant.  L’exploitation  agricole lui permet de s’aérer, de rester fertile et de capturer le carbone. Une terre en bonne santé peut subvenir aux besoins des petits exploitants et de leurs familles, ou transformer les plus grandes exploitations en acteurs des marchés internationaux. Les terres agricoles sont en réalité une forme de capital naturel, juste sous la surface.

Si les sols sont cultivés de façon trop intensive, l’équilibre biologique peut se rompre. Il arrive alors que les agriculteurs soient amenés à utiliser des intrants plus agressifs, dans une optique de rentabilité à court terme, mais dans ce cas, ils épuisent le sol et polluent les cours d’eau, entraînant à long terme la perte de ce capital naturel. Lorsque les exploitations agricoles augmentent leur taille pour accéder à des sols plus fertiles, elles peuvent conduire à la conversion des forêts. Les choix alimentaires d’une population mondiale en constante augmentation1 provoquent ainsi indirectement une accélération de la déforestation. Selon le rapport Living Planet 2020 du WWF2, la principale menace pour les espèces sauvages reste la disparition de leurs habitats naturels.

 

COMMENT PRODUIRE DAVANTAGE DE NOURRITURE TOUT EN PRÉSERVANT LA BIODIVERSITÉ ?

Pour Rabobank, l’alimentation et l’agriculture commerciale sont une priorité : en 2019, ce secteur représentait 26 % de ses prêts au secteur privé3. La question essentielle, pour la banque, consiste à trouver comment nourrir 10 milliards d’êtres humains de façon socialement et éco-logiquement durable. Ci-après, quelques-unes des réponses qui lui permettent d’intégrer la biodiversité au cœur de son action ; des politiques conduites à l’engagement direct, en passant par des programmes innovants.

 

LA BIODIVERSITÉ DANS LES POLITIQUES ET LES ENGAGEMENTS DE RABOBANK

La charte du développement durable de Rabo-bank (Sustainability Policy Framework) comporte une section sur la biodiversité4, stipulant que la banque incite ses clients à adhérer à la « Norme de performance 6 » de l’IFC5. La politique de Rabobank identifie notamment les zones légalement protégées, comme les sites inscrits par l’UNESCO au patrimoine mondial, ou les zones humides de la convention de Ramsar. La banque attend de ses clients qu’ils s’abstiennent de toute nuisance à des sites « à haute valeur de conservation » (HCV) ou « riches en carbone » (HCS)6. Ces deux labels évaluent l’importance des espaces naturels à l’aune d’indicateurs sur la diversité des espèces, la santé des écosystèmes, le patrimoine culturel et les besoins des communautés  riveraines. Rabobank considère les 17 Objectifs de développement durable (ODD) comme des principes directeurs de son action. L’ODD-15, « Vie terrestre », qui traite explicitement de la biodiver-sité, est indissociablement lié à d’autres ODD, notamment l’action climatique (ODD-13) ou la faim « zéro » (ODD-2). En septembre 2020, Rabobank a été l’une des 26 institutions financières à s’engager pour la préservation de la biodiversité en signant l’accord « Finance for Biodiversity Pledge »7. Les institutions signataires s’engagent à mettre en œuvre, d’ici 2024, les cinq étapes suivantes : collaboration et partage de connaissances, présence auprès des entreprises, évaluation des impacts, fixation d’objectifs et information transparente.  

 

BIODIVERSITÉ ET ENGAGEMENT DIRECT AUPRÈS DES AGRICULTEURS

Les institutions financières choisissent de plus en plus souvent de s’engager auprès de leurs clients pour les inciter à produire de façon plus durable. Sur le terrain, cet engagement est plus ou moins direct. Les gestionnaires d’actifs passent souvent par des intermédiaires, ou des tableaux de suivi d’indicateurs synthétiques. Rabobank a l’avantage d’un contact direct avec de très nombreux agriculteurs dans le monde. Au Brésil, par exemple, des équipes de Rabobank se rendent chaque année dans les exploitations agricoles (sauf celles ayant enregistré d’excellents scores sur les principaux indicateurs durant deux années d’affilée). Les clients doivent pouvoir démontrer que les fonds obtenus auprès de Rabobank n’ont pas conduit à la déforestation – ce qui va au-delà des exigences légales. Les visites de terrain complètent l’analyse des données. L’entreprise Agrotools8, qui combine imagerie satellite et une connaissance experte de la chaîne d’approvisionnement, est un partenaire clé, permettant un suivi très rapide : en cas d’infraction sur un indicateur donné (preuves de déforestation ou non-respect d’un plan d’amélioration), un « responsable environnement » de la banque peut immédiatement geler les lignes de crédit du client. Rabobank travaille avec le WWF aux Pays-Bas, mais aussi dans d’autres pays, depuis la signature d’un partenariat en 2011. Le WWF néerlandais et Rabobank ont ainsi mis au point, avec la coopérative laitière FrieslandCampina, l’outil Biodiversity Monitor9. Parmi les indicateurs clés de cet outil figurent la proportion de prairies permanentes, les protéines produites localement, l’excédent d’azote, les rejets d’ammoniac, les émissions de CO2, la richesse en herbes variées des pâturages ou encore la diversité du paysage. FrieslandCampina récompense les meilleurs scores par un prix d’achat plus élevé, et Rabobank accorde à ces exploitations un taux d’emprunt réduit.

Au Chili, Rabobank travaille aussi avec le WWF pour amener les éleveurs de saumons à respecter les normes d’aquaculture durable ASC Aquaculture Stewardship Council10. Cela améliore leur accès au marché. De fait, d’importants acheteurs comme les supermarchés Albert Heijn ou Ikea cherchent à augmenter la part de ces produits certifiés dans leurs approvisionnements. L’un des principes fondamentaux d’ASC concerne la biodiversité, autour de 5 critères et 18 indicateurs, parmi lesquels la biodiversité des sédiments des fonds marins ou la pollution de l’eau. Avec l’appui de Pipeline Foods11, Rabo Agrifinance a également développé la première offre de crédit « Organic Transition »12, qui permet aux exploitants de financer le coût initial d’une transition vers l’agriculture biologique. L’exploitant peut rembourser ce prêt avec le supplément de revenus qu’il retirera de la vente de produits labellisés bio et distribués par l’intermédiaire de Pipeline (l’un des principaux acteurs du marché bio). Dans ce dispositif, les partenaires travaillent en outre avec des prestataires pour l’assistance technique, avec à la clé une « solution globale » qui combine ainsi le financement, l’appui technique et l’accès au marché.

 

LE FONDS AGRI3 : UN PROGRAMME INNOVANT

En janvier 2020, au Forum économique mondial de Davos, le ministère néerlandais des Affaires étrangères et Rabobank ont annoncé13 leur intention d’investir chacun 40 millions de dollars dans le nouveau fonds AGRI3. L’ambition de ce fonds14 est de conjuguer l’agriculture durable (y compris l’amélioration des conditions de vie dans la ruralité), la protection des forêts, la reforestation et la réduction des émissions de CO2. Selon Sigrid Kaag – ministre néerlandaise du Commerce extérieur et de la Coopération pour le développement –, « le Fonds AGRI3 constitue une occasion unique de contribuer à grande échelle à la protection des forêts et à l’agriculture durable, tout en amenant le secteur financier à changer d’attitude à l’égard de l’investissement durable. » Le fonds fonctionne comme un véhicule de financement mixte, et vise à lever au total 1 milliard de dollars de financements. Il propose en outre des instruments financiers pour limiter les risques et une assistance technique. Il sera ouvert à des banques commerciales souhaitant s’engager pour l’agriculture durable et la préservation des forêts. Au sein d’AGRI3, les banques sont en partenariat avec le Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP), la FMO et l’IDH (initiative pour le commerce durable). Le développement d’AGRI3 résulte de la volonté de Rabobank d’innover en permanence et de trouver de nouveaux leviers pour protéger les forêts et soutenir la transition vers une agriculture plus respectueuse de la nature, afin de subvenir de façon durable aux besoins d’une population mondiale en augmentation. Aucune solution ne va de soi, mais les objectifs sont clairs, et les exemples repris ici montrent bien que des progrès ont été réalisés. Wiebe Draijer, président du directoire de Rabobank, déclare à ce propos : « En tant que banque coopérative, nous considérons que notre mission est d’aider nos clients à réaliser l’indispensable transition des chaînes de valeurs dans l’agriculture. »

  1. Les Nations unies estiment que la population mondiale devrait atteindre 9,7 milliards d’ici 2050, contre 7,8 milliards en 2020
  2. WWF, 2020. Living Planet Report 2020. Pages 20-21
  3. Rabobank, Rapport annuel 2019, page 37
  4. Rabobank, Sustainability Policy Framework, pages 45-46
  5. Norme de performance 6 de l’IFC, sur la « Conservation de la biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles vivantes »
  6. Sites internet de HCV network (High Conservation Value) et HCS approach (High Carbon Stock). Des eff d’harmonisation sont actuellement en
  7. Site Web des nouveaux engagements « Finance for Biodiversity », signés le 25 septembre 2020.
  8. Site Web d’Agrotools
  9. Des précisions sur le Biodiversity Monitor sont disponibles dans les 25 pages de ce rapport
  10. Site Web de l’ASC
  11. Site Web de Pipeline Foods
  12. Article sur le site de Rabobank AgriFinance
  13. Article concernant le lancement d’AGRI3, sur le site de Rabobank (en anglais)
  14. Prospectus du fonds Agri3 (en anglais)

Frank Nagel

Directeur executif
Rabobank Group

Parcours

En tant que Directeur exécutif de Rabo Partnerships, il pilote les initiatives d’impact finance sur les marchés émergents. Pour induire un changement systémique dans les circuits alimentaires mondiaux, et notamment pour renforcer la sécurité alimentaire, le « financement d’impact » peut être considéré comme un instrument essentiel – en particulier lorsqu’il combine fonds publics et fonds privés.

lianne van leijsen

Responsable « sustainable business development »
Rabobank Group

Parcours

L’activité de Lianne van Leijsen est centrée sur les solutions de financement durable et le développement de nouveaux produits pour accompagner la transition du secteur de l’alimentation et de l’agro-industrie. Forte d’une vaste expérience dans le secteur bancaire, elle accompagne depuis 25 ans des grands groupes agro-alimentaires et agro-industriels internationaux.

Rabobank Group

Rabobank est une banque coopérative fondée aux Pays-Bas par des exploitants agricoles, à la fin du XIXe siècle. Au fil des années, elle est devenue l’une des principales banques néerlandaises, offrant un large choix de services bancaires à ses 8 millions de clients dans le pays. Au niveau international, la banque est présente dans 39 pays, et concentre son action sur l’agriculture et l’alimentation. Fidèle à ses origines, elle s’engage pour aider à bâtir des circuits alimentaires durables et résilients.