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Dans les marchés émergents, les investisseurs réalisent systématiquement des évaluations environnementales et sociales (E&S) des projets ou entreprises qu’ils ciblent. L’accompagnement technique (AT) s’avère alors précieux pour appréhender de tels enjeux, parfois méconnus et souvent complexes. Le conseil, la formation, la mise en place d’outils pour encadrer les bonnes pratiques sont autant de moyens de maîtriser les risques E&S, en particulier sur les questions climatiques, de biodiversité et de genre.

Avant d’envisager toute opération, en particulier dans les marchés émergents, les investisseurs institutionnels (banques de développement, agences multilatérales, etc.), fonds d’investissement et autres acteurs bancaires réalisent des évaluations environnementales et sociales (E&S) des projets ou entreprises dans lesquels ils songent à investir.

Ces évaluations, appelées « Due Diligence E&S » (DD E&S), servent à déterminer si des améliorations sont nécessaires en matière d’environnement, de santé, de sécurité au travail, d’emploi, de foncier, de biodiversité, etc., afin de se conformer à la réglementation locale mais aussi aux standards internationaux. Rappelons que ces derniers comprennent les normes de performance E&S de la SFI, les conventions de l’Organisation internationale du travail, les principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme, les principes de l’Équateur, ainsi que des standards plus thématiques tels que l’accord de Paris sur le climat ou le 2X Challenge consacré à l’égalité femmes-hommes.

Côté opérationnel, les DD E&S permettent d’établir un plan d’action environnemental et social (PAES) qui doit corriger les éventuels écarts avec ces standards.

Bien que très utiles, ces évaluations se limitent toutefois à un exercice d’audit rapide des entreprises car elles se focalisent sur les risques principaux. Ce qui implique que les DD E&S ne proposent pas aux clients de volet pédagogique vis-à-vis des standards E&S, ni d’assistance lors de la mise en œuvre d’un plan d’action environnemental et social. C’est donc là que l’accompagnement technique (AT) devient incontournable.

 

APPROCHE PÉDAGOGIQUE ET OUTILS OPÉRATIONNELS

L’AT permet de mobiliser des experts E&S pour assister les entreprises à un coût particulièrement attractif. Des consultants peuvent dispenser des formations approfondies sur les enjeux E&S et leur gestion : formation aux standards E&S de la SFI, formation à la conduite d’audits E&S, sensibilisation aux enjeux du genre et du changement climatique, etc.

Cette approche pédagogique concerne aussi bien le personnel chargé de l’E&S que la direction. D’ailleurs, investir sur ces femmes et ces hommes qui tiennent les commandes opérationnelles est sans doute la plus grande transformation E&S à laquelle l’AT contribue.

Parmi les autres points forts de l’accompagnement technique figure le développement d’un système de gestion E&S (SGES) pour structurer les bonnes pratiques d’un client. Concrètement, un SGES est un ensemble de politiques et de procédures E&S qui encadrent les analyses de risques, les ressources et les compétences, le suivi ou encore la gestion des incidents et des plaintes. Il permet aussi de piloter certains aspects opérationnels tels que les consommations d’énergie, la gestion du personnel ou encore la sécurité routière.

En cette période de pandémie, de nombreuses banques de développement ont déployé des AT d’urgence sur la Covid-19 (conseil sur la protection de la santé des travailleurs, sur la réduction des plans de licenciements, etc.).

Dans les marchés émergents où la culture des procédures documentées n’est pas complètement ancrée, il est essentiel que ces SGES soient accompagnés de boîtes à outils comprenant registres, questionnaires et tableaux de bord illustrés.

Quand la situation l’exige, l’accompagnement technique peut aussi offrir une expertise additionnelle. Ainsi, pour des problématiques E&S complexes, pour lesquelles une formation pointue ou des procédures ne seraient pas suffisantes, des experts spécialistes de ces questions peuvent être mobilisés. Ils vont par exemple aider à mener des accords avec des peuples autochtones au sujet de la préservation de leurs lieux sacrés, aider à trouver des solutions d’élimination de déchets en zone reculée ou encore préparer un programme de restauration d’une mangrove.

En cette période de pandémie, de nombreuses banques de développement ont déployé des AT d’urgence sur la Covid-19 (conseil sur la protection de la santé des travailleurs, sur la réduction des plans de licenciements, etc.).

 

LEVER TOUS LES OBSTACLES ADMINISTRATIFS

Si l’AT aide les entreprises à mettre en place des outils opérationnels et à mieux appréhender les risques E&S auxquels elles sont confrontées, rappelons que cet accompagnement ne se substitue en aucun cas à leur propre obligation de mise en conformité avec les exigences réglementaires (obtenir un permis d’environnement par exemple).

Face à la multiplicité des mécanismes de mobilisation de l’AT proposés par les différents investisseurs et à la relative lenteur des démarches administratives pour l’obtenir, l’AT peut s’avérer être un outil mal compris des entreprises qui pourraient en bénéficier. Lever ces freins pour faciliter le recours à l’AT constitue donc le premier axe de développement de ce type de programme, dont les promoteurs souhaitent participer encore d’avantage à un développement responsable du secteur privé dans les marchés émergents, en particulier sur les questions climatiques, de biodiversité et de genre encore insuffisamment appuyées.

 


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Des ateliers en Afrique francophone pour former aux standards de la SFI

Un projet qui respecte les meilleures pratiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) est un projet plus résilient, plus durable et plus rentable. C’est pourquoi les institutions financières de développement œuvrent à la diffusion des critères ESG. La crise liée à la pandémie de Covid-19 a accentué la nécessité de développer les capacités locales pour l'intégration de ces pratiques.

C’est dans ce cadre que l’association française RSE Développement – avec notamment l’appui de Proparco et de la société de conseil en environnement Ramboll Management Consulting – a proposé une série d’ateliers de formation en présentiel (et à distance) au Maroc, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, entre décembre 2020 et mai 2021.

Ces rendez-vous sur plusieurs jours, qui mêlent théorie et pratique, visent à former les entrepreneurs, consultants et investisseurs actifs dans les pays d’intervention de Proparco aux standards de performance de la Société financière internationale (SFI). Ces ateliers permettent par ailleurs de constituer un réseau dynamique de « praticiens » en Afrique francophone. Proparco travaille actuellement avec ses homologues européennes au passage à l’échelle de ce type d’initiative.

   

Teddy Deroy

Directeur Europe, Afrique de l’Est et du Nord
IBIS Consulting

Parcours

Ingénieur chimiste de formation (ESPCI Paris) et titulaire d’un MSc en sciences de l’environnement (Imperial College London), Teddy Deroy est devenu un expert des standards internationaux et des enjeux globaux (sociaux, sociétaux, fonciers et éthiques) dans le contexte africain. Il est l’un des associés et fondateurs d’IBIS Consulting et dirige les agences IBIS Afrique de l’Est (Kenya), Afrique du Nord (Maroc) et Europe (France). Avant de cofonder le cabinet IBIS, Teddy Deroy occupait le poste de directeur HSE de la compagnie Perenco en République démocratique du Congo (RDC) et a été associé chez ERM France où il dirigeait les services fusions-acquisitions et amélioration des performances HSE.

IBIS Consulting

IBIS Consulting est un cabinet de conseil en finance durable spécialisé sur les questions environnementales, sociales et d’impact dans les marchés émergents (Afrique et Asie), avec un fort intérêt pour le secteur privé. Créé en 2015 par un groupe d’experts en finance durable, il dispose de bureaux permanents en Afrique du Sud, au Kenya, au Maroc, à Singapour, à Hongkong et en France. Le cabinet, qui s’appuie sur une équipe d’une soixantaine de consultants, mène chaque année plus de 250 missions E&S pour des agences multilatérales de développement, des institutions de financement du développement, des banques commerciales, des fonds d’investissement ou encore des fonds d’impact. Depuis sa création, IBIS Consulting est intervenu dans plus de 50 pays d’Afrique et d’Asie.

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