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Les agriculteurs d’Afrique australe sont aux prises avec les dangers du changement climatique et la baisse des précipitations. Le groupe Seed Co, une entreprise basée au Zimbabwe, tente de leur apporter des solutions en développant des semences plus résistantes qui peuvent survivre à ces conditions changeantes. L’augmentation des investissements et des efforts en matière de recherche et de développement est un élément crucial de ce processus. Les résultats en termes de résilience peuvent procurer de multiples avantages aux agriculteurs.

Quelles sont les conséquences du changement climatique sur les activités de vos clients ?

Ces dernières années, nous avons assisté à une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes ; les agriculteurs africains ont été affectés par les effets négatifs du changement climatique. Par exemple, une modification générale du régime des pluies a provoqué un séchage prolongé des semences au soleil dans les exploitations des producteurs, ce qui a entraîné une augmentation des maladies, telles que la pourriture des épis. Entre 2013 et 2018, certains de nos producteurs ont perdu un tonnage important de grains à cause de la pourriture de ces épis de maïs. Ces derniers temps, nos producteurs ont connu des pluies irrégulières et de longues périodes de sécheresse en milieu de saison, ce qui a considérablement affecté leurs rendements. En outre, en raison des conditions météorologiques imprévisibles, les agriculteurs ont subi une augmentation des coûts de production des semences, aggravée par la manutention et le traitement manuels des semences à la ferme.  

Quelles mesures avez-vous prises pour faire face à ces risques climatiques  ?

Pour essayer d’aider nos agriculteurs, nous avons mis en service en 2021 le projet de séchoir Seed Co, financé par Proparco à hauteur de 12,5 millions de dollars. Par ailleurs, notre équipe de recherche et développement continue de mettre sur le marché des variétés de « semences intelligentes » tous les deux ans pour tous les principaux types de cultures de notre offre. Il s’agit de variétés hybrides de maïs adaptées aux climats d’Afrique subsaharienne.  

Comment le groupe Seed Co contribue-t-il à réduire la vulnérabilité des agriculteurs au changement climatique ?

Nous essayons de nous diversifier et, ce faisant, d’encourager nos agriculteurs à cultiver progressivement de petites céréales comme le millet perlé, le sorgho, le tournesol et le riz pluvial. Ces cultures sont résistantes et se portent généralement bien dans des conditions semi-arides. La mise en service du projet de séchoir a permis en outre aux agriculteurs de bénéficier d’une livraison et d’un traitement précoce des semences. Il s’agit de les aider à réduire le nombre de jours de traitement et à doubler leurs cultures grâce à des récoltes précoces. La qualité des produits en général s’est également améliorée car les livraisons précoces permettent à Seed Co de détecter et traiter les problèmes de qualité dans ses centres de traitement.  

Comment la construction d'un séchoir à maïs va-t-elle augmenter la capacité de production et doubler les récoltes des agriculteurs ?

Pour la mise en place de ce séchoir, nous avons obtenu une facilité de financement de projet de sept ans auprès de Proparco, pour un montant de 12,5 millions de dollars. Pour nos producteurs, les semences séchées au soleil mettent 60 jours à atteindre la teneur en eau recommandée de 12,5 %, alors que les semences séchées artificiellement ne prennent que quatre jours (la teneur en eau passe de 35 % à 12,5 %). L’installation de cette unité de séchage de maïs devrait permettre aux agriculteurs qui aujourd’hui font sécher leur maïs au soleil de récolter leurs épis plus tôt dans l’année pour les remettre au séchage chez Seed Co et donc de réduire considérablement les pertes liées aux aléas climatiques. Des livraisons de semences plus régulières signifient également des paiements plus rapides aux producteurs. Ces derniers disposent alors de revenus pour mener d’autres activités ou pour acheter du matériel, comme des intrants agricoles. Le traitement précoce des semences permet à l’entreprise de les mettre à la disposition des canaux de distribution plus tôt. Elles sont disponibles dès mars ou avril, selon la variété considérée. Enfin, l’usine de conditionnement des semences de maïs utilise les toutes dernières technologies de séchage, comparables aux meilleures normes internationales mondiales.  

Le groupe Seed Co est le plus grand semencier africain. Comment ses programmes de R&D sur les semences se sont-ils adaptés aux nouvelles conditions climatiques ?

Nous continuons à investir dans la recherche et le développement : notre PDG s’est engagé à consacrer environ 10 % du chiffre d’affaires à la R&D. Cela se traduit par exemple par la mise en place d’un nouveau laboratoire de niveau mondial au Zimbabwe et par des investissements accrus dans notre station de recherche en Zambie, qui ont abouti à la mise sur le marché de nouvelles variétés à longue durée de vie. Dans le cadre de nos activités de R&D, nous collaborons très étroitement avec les équipes de notre actionnaire principal, le groupe Limagrain - l’un des plus importants semenciers au monde -, pour travailler en permanence sur de nouvelles variétés mieux adaptées aux nouvelles conditions climatiques, tout en évaluant nos activités en fonction des normes internationales. Pour répondre aux différents segments du marché, notre division R&D continue de travailler au lancement de variétés de semences de maïs à maturité tardive qui ne souffrent pas des effets des sécheresses de mi-saison. Elles entrent dans un état végétatif en cas de sécheresse et profitent au maximum des pluies de fin de saison. En outre, l’objectif principal de nos activités de recherche et de développement est d’introduire des variétés de semences de maïs à maturation précoce, dans le cadre de saisons des pluies courtes.  

 

 

En 2021, 68 millions d’euros de co-bénéfices adaptation comptabilisés par les projets octroyés par Proparco

En 2021, Proparco a octroyé 30 projets à co-bénéfices climat, pour un total de 677 millions d’euros de co-bénéfices. Parmi ces projets, six participent à l’adaptation au changement climatique, représentant 68 millions d’euros de co-bénéfices adaptation. C’est plus du double du volume de financement en faveur de l’adaptation au changement climatique autorisé par Proparco en 2020 (30 millions d’euros).

Des engagements financiers amplifiés

  • 2019 : 21 M€
  • 2020 : 30 M€
  • 2021 : 68 M€

 

Samson Ruwisi

Trésorier
Groupe Seed Co

Parcours

Samson Ruwisi assure actuellement la fonction de trésorier du groupe Seed Co. Titulaire d’un master Banque de l’université de Londres, Samson Ruwisi est par ailleurs compétent dans le domaine de l’agriculture et de la gestion financière. Il a plus de 18 ans d’expérience dans le financement des produits de base, des projets et du commerce, y compris international. Il a occupé des postes de direction dans le secteur bancaire en Afrique australe, ainsi que dans l’industrie agricole.

Groupe Seed Co

Le groupe Seed Co est la plus grande entreprise de production et de diffusion de semences hybrides certifiées d’Afrique. Il est autorisé à commercialiser des variétés de semences qu’il développe lui-même, ainsi que celles développées par les gouvernements et d’autres semenciers associés. Le groupe opère dans plus de 15 pays africains, avec des cotations en bourse au Zimbabwe et au Botswana. Il se consacre à la sélection, à la multiplication et à la distribution de variétés de semences (principalement hybrides) pour les cultures de maïs, de blé, de soja, de haricot, de niébé, de sorgho, d’arachide et de légumes.

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